La naïveté d'un égoïsme qui n'a plus conscience de lui-même est le fond inépuisable où la jalousie puise ses ridicules. Voyez le jaloux dans un salon : il s'isole et se tait, le rogue de la dignité blessée lui donne une attitude provocante. Inquiet, il regarde autour de lui comme s'il avait fait une chute. Il ne peut rester en place, et l'indécision l'y cloue. Ses yeux, qu'il s'efforce de promener dans l'espace, sont ramenés sans cesse vers un point unique où il espère voir ce qu'il ne voudrait voir à aucun prix. Ses mains crispées tordent dans le vide les objets de sa rage. Il a chaud, il a froid ; la pâleur et le pourpre se succèdent sur ses traits contractés : c'est la fièvre. Si on lui parle, il répond avec des paroles de venin ; s'il essaie de sourire, il fait une grimace de tigre. Mais qu'il trouve par hasard une oreille amie, la scène change, il s'y précipite. De ce silence furieux s'échappe un torrent ; il déborde, il conte, raconte son affaire ; il la commente avec notes, notules et parenthèses ; il se confesse, il accuse en forme les parties adverses, il plaide ses droits et fait solennellement appel à la morale, à la justice, à l'indignation, à la vindicte publique. Et si vous êtes distrait, il sera très étonné que vous ne soyez pas aussi jaloux que lui.
- 1830 -
Louis Joseph Mabire
0

Le temps fuit ; la conscience crie ; la mort menace ; le ciel sollicite ; l'enfer gronde ; et l'homme dort.

By Louis Joseph Mabire -1830
bool(false) Error: (null) [0] (severity 0) [(null)]