La jalousie est bien souvent le triste partage de ceux qui n'ont rien dont on puisse être jaloux. Incapable de tout mérite, l'envie ne peut le souffrir dans les autres ; et aussi aveugle qu'injuste dans ses jugements, plutôt que de le reconnaître et de lui attribuer ses heureux succès, elle en donnera tout l'honneur aux causes les plus pitoyables et les plus ridicules.
- 1772 -
Jean Baptiste Blanchard
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L'ami de son salut et de la sagesse est ami du silence.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Jeune homme, gardez-vous d'être présomptueux en la compagnie de ceux qui ont réussi, et de parler beaucoup où il y a des vieillards, qui possèdent l'expérience et le savoir. Les éclats de tonnerre précédent la grêle, mais la bonne grâce accompagne toujours la modestie, et votre maintien respectueux vous conciliera tous les suffrages.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Le monde et la compagnie des hommes n'est bien souvent qu'une perte de temps. Les discours y sont encore plus pernicieux que les exemples, et que ce qu'on appelle société, n'est souvent qu'un amas de ridicules et de vices colorés d'un vernis brillant ; une scène mêlée de sérieux et de comique, où les passions font mouvoir, l'intérêt fait agir, et l'envie fait parler ; où l'on se loue sans s'estimer, où l'on se déchire de sang-froid, et où il n'y a presque rien de sincère que la haine et le mépris réciproques.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Lorsqu'un homme aura travaillé pour vous, payez-lui aussitôt ce qui lui est dû, et ne retenez pas un moment le salaire de l'ouvrier. C'est un grand crime contre la justice et l'humanité, que de différer, de diminuer ou de refuser à l'artisan le prix de ses peines.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
La malheureuse et pitoyable faiblesse des parents qui, dans la folle tendresse qu'ils ont pour leurs enfants, dissimulent, détournent la vue pour ne pas apercevoir les fautes les plus grandes, se retirent même et disparaissent, pour avoir un prétexte de ne rien voir et de ne rien dire, est criminelle. Si quelquefois ils se croient obligés de les reprendre de leurs désordres devenus trop grands ou trop publics, c'est avec une faiblesse qui ne remédie à rien, qui augmente même le mal, et rend les enfants plus effrontés ou vicieux.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
L'envie n'est pas seulement une des plus honteuses passions, c'est encore une des plus cruelles, elle est elle-même son supplice. Les talents, la réputation, la prospérité des autres, sont autant de vers qui rongent l'homme jaloux, et le dévorent en secret. Plus leur gloire et leur fortune croissent, plus son aversion se fortifie et s'allume : elle devient en son corps comme un poison qui le brûle et qui répand l'amertume sur toute sa vie.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Ô vous qui êtes jaloux de l'Amour des hommes, aimez à vous rendre humains et accessibles : montrez à tous cet air simple et noble de bonté, qui attire les cœurs ! Faites qu'au sortir de votre entretien, on goûte toujours le plaisir d'être charmé de vous et d'être content de soi-même. Bannissez de vos paroles la mauvaise humeur et la fierté, qui n'ajoutent rien à la grandeur et qui ôtent beaucoup aux hommes. Prévenez par votre accueil le respect qui n'ose vous approcher, et soulagez le timide embarras qui craint de vous parler.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Lorsque vous voudrez confier un secret à quelqu'un, ayez toujours, autant qu'il vous sera possible, un gage de sa fidélité. Que son intérêt même l'oblige à être discret, et qu'il appréhende autant de vous trahir, que vous craignez de l'être.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Ne vous mariez pas pour avoir du bien : c'est épouser la dot et non la personne ; c'est un trafic et non un mariage. Préférez toujours de vous allier avec de parfaitement honnêtes gens, chez qui la probité fut dans tous les temps héréditaires et sans tache.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Ne vous attachez qu'à une personne qui mérite toute votre estime, et pour tous les biens du monde n'épousez point celle que vous n'estimez pas. On ne saurait aimer ce qu'on méprise. Mais quand l'Amour est fondé sur l'estime, il est le charme de la vie.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
De la manière de vivre entre le mari et la femme dépend le bonheur de leur vie. Quelle plus douce félicité que celle de deux époux dont l'union serait tous les jours cimentée de plus en plus par une estime mutuelle, un Amour égal, une fidélité inviolable, un accord et une harmonie parfaite ! Deux époux qui vivraient ainsi seraient sans doute parfaitement heureux, si pourtant on peut l'être dans cet état. La diversité des humeurs, des caractères, des sentiments, sera toujours un obstacle à ce parfait bonheur qu'on s'y propose, et qu'on y trouve si rarement : ce qui a fait dire à quelqu'un qu'il pouvait y avoir de bons mariages, mais qu'il n'y en avait pas de délicieux.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Avant de former les nœuds d'une union qui doivent être sacrés et inviolables, il faut y penser et y réfléchir mûrement, et n'écouter ni l'Amour qui est toujours aveugle, ni l'intérêt qui étouffe l'Amour sous des chaînes d'or.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Une union intime s'accommode mieux de toute l'ouverture du cœur que d'un excès de prudence.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Le bonheur de nous faire aimer dépend surtout de nos discours et de nos entretiens, et c'est là principalement que la sagesse veut que nous cherchions à nous rendre aimables. Les bons offices et les présents gagnent souvent moins de cœurs que les paroles honnêtes et polies. Les femmes mêmes qui se font le plus considérer et le plus aimer dans le monde, ne sont pas celles qui ont plus de grâces extérieures et plus d'esprit ; ce sont celles qui savent le mieux conduire leur langue, et qui sont les plus sages dans leurs paroles.
By Jean Baptiste Blanchard -1772
Celui qui veut passer pour homme d'esprit ne s'empressera pas trop à le paraître. Affecter de briller, de montrer plus d'esprit que les autres, est un moyen infaillible pour qu'ils nous en trouvent moins que nous n'en avons. C'est se donner un air de vanité qui révolte, et l'on réussit rarement à persuader les autres de son mérite quand on en paraît trop persuadé soi-même.